Salut Reader,

Et si on arrêtait de nourrir la machine ?

Depuis quelque temps, j’ai remarqué un réflexe que j’aimerais bien désinstaller.

Un petit geste anodin, mais qui, mine de rien, me grignote de l’intérieur.

Dès que je tombe sur une info un peu clivante sur les réseaux :

un sujet de société,
une actu politique,
un fait divers.

J’ai ce réflexe presque automatique : aller lire les commentaires.

Pas pour m’informer, pas pour apprendre.

Plutôt par curiosité tordue, pour voir jusqu’où les gens peuvent aller dans l’interprétation, la projection, la division.

Et souvent, ce que je trouve me laisse un goût amer...

Je ne cherche pas à juger.

Au contraire, je pense que je m’efforce d’accueillir l’information avec neutralité, sans mûrir d’opinion immédiate.

Mais en allant chercher ces commentaires, je m’expose à un bruit constant, à des réactions à chaud, souvent extrêmes, parfois absurdes, et je me rends compte que ce bruit commence à m’atteindre.

Pas parce que les gens ont des avis différents du mien.

Mais parce que je sens que ça détourne mon attention des choses profondes, nuancées, enrichissantes.

Alors, depuis peu, j’essaie autre chose.

Par exemple, j’écoute le podcast La Vingtième Heure d’Eva Bester.

Et ça me fait un bien fou.

Je ne connais presque jamais les invités, je n’ai pas lu les livres qu’ils citent, mais je reste accroché à chaque mot.

Parce que là, j’entends des gens qui prennent le temps :

qui partagent avec finesse, sans prétention.
qui m’ouvrent à des mondes nouveaux, sans chercher à convaincre, juste à transmettre.

Et ça me rassure.

Parce que pendant que certains tapent frénétiquement sur leur clavier pour défendre des certitudes bruyantes, d’autres murmurent des choses subtiles, puissantes, invisibles.

C’est cette voix-là que j’ai envie d’écouter.

Je ne dis pas que je vais réussir à décrocher complètement des commentaires.

Mais j’ai envie d’essayer.

De préserver un peu de silence en moi.
De choisir ce que je nourris, ce que j’écoute, ce que je laisse entrer.

Et si on était plus nombreux à faire ce petit pas de côté ?

Pas pour fuir le monde.
Mais pour mieux l’entendre.

Greg 😘